Coffret allemand "Halleluja Italo-Western Box"

[Breccio]

Bon, je commence par le préambule d’usage, qui va vous sembler familier si vous avez lu les critiques précédentes : comme il est d’usage chez Koch Media, nous avons affaire à des présentations intégrales, avec une image splendide, en versions allemande et italienne, avec sous-titres optionnels allemands et anglais (y compris pour les bonus !). Et j’insiste : il y a bien des sous-titres anglais, même si ce n’est pas indiqué sur le coffret ni sur certains listings (amazon.de, par exemple).

Ensuite, une interrogation métaphysique : pourquoi "alléluia" ? Tout simplement parce que ce mot figure dans chacun des titres allemands de ces films. Ne me demandez pas pourquoi (enfin, pour le premier, ça va encore). Autre point, et je me re-cite ou à peu près : si on se demande ce que le troisième film vient faire là, les deux premiers forment un diptyque parfait ou presque.

Fin du préambule.

Ce coffret contient donc trois films :
Pile je te tue, face tu es mort… On m’appelle Alléluia (Testa t’ammazzo, croce… sei morto, mi chiamano Alleluja), réalisé par Giuliano Carnimeo (1971), avec George Hilton, Charles Southwood, Roberto Camardiel.
Quand les Colts fument… on l’appelle Cimetière (Gli fumavano le Colt… lo chiamavano Camposanto), réalisé par Giuliano Carnimeo (1971), avec Gianni Garko, William Berger, Nello Pazzafini.
Ça va chauffer, Sartana revient (Su le mani, cadavere ! Sei in arresto), réalisé par Leon Klimovsky (1971), avec Peter Lee Lawrence, Espartaco Santoni, Aldo Sambrell.

Giuliano Carnimeo (ou Anthony Ascott, pour citer son pseudonyme le plus connu) fut l’un des artisans les plus prolifiques du western all’italiana. C’est notamment lui qui anima le personnage de Sartana, créé à l’origine par Gianfranco Parolini, et il est très représentatif de la tendance "comédie" du genre. Fort heureusement pour nous, c’est un maître du timing et des effets comiques, ce qui fait que ses films se voient et se revoient avec plaisir.

On m’appelle Alléluia est une variation parodique sur Vera Cruz : on y trouve les troupes de Maximilien, un général révolutionnaire (Roberto Camardiel), un gringo super-cool que ledit général engage pour récupérer un trésor (George Hilton) et tout un tas d’aventuriers divers et variés qui s’agitent dans tous les sens. A part ça, le film est rigoureusement irrésumable. Je me contenterai de dire qu’on y trouve une mitrailleuse déguisée en machine à coudre (elle s’enraye un peu, mais c’est pas grave, elle est sous garantie), une agent du FBI déguisée en bonne sœur (avec un boîtier de dérivation télégraphique en guise de porte-jarretelles) et un Cosaque. Si. Plus une apparition hilarante et pas délicate du tout de Rick Boyd et de son scorpion. Bref, on est loin, très loin, mais alors très très loin du mélodrame flamboyant, du western Zapata et de l’ultra-violence. Mais qu’est-ce qu’on se marre.

On l’appelle Cimetière est tout aussi drôle (scénario : Enzo Barboni). Ici, on a affaire à une bande de racketteurs qui tracassent de braves éleveurs. Les deux fils d’un éleveur irlandais décident de ne pas se laisser faire, mais comme ce sont d’indécrottables pieds-tendres, on craint pour eux. Heureusement, débarque Cimetière (Gianni Garko), un pistolero qui a une dette envers le père et qui prend les fils sous son aile. Du coup, les méchants embauchent un autre pistolero, Duke (William Berger), mais comme il est pote avec Cimetière, ça ne se passe pas comme prévu. Nello Pazzafini fait une apparition déguisé en sapin de Noël (cf. la critique de François Forestier dans son bouquin Le Retour des 101 nanars – à noter que Forestier réussit à être drôle en s’attribuant les gags du film, dont il feint de ne pas avoir vu qu’il était volontairement comique). Encore une fois, une réussite, due à un excellent sens du timing. Les acteurs semblent s’amuser comme des fous, ce qui aide pas mal. Excellente musique de Bruno Nicolai.

Le troisième film, Ça va chauffer, Sartana revient, m’a laissé un peu dubitatif. Peut-être se veut-il comique : le héros, Sando Kid (Peter Lee Lawrence – cherchez pas de Sartana dans cette toile, y en a pas) a la fâcheuse manie de faire les sommations d’usage après avoir buté son homme, d’où le titre italien. En plus, il se fait passer pour un représentant en parfums. Mais c’est en réalité un Texas Ranger. Son supérieur est tout de noir vêtu. A part ça, j’ai pas compris grand-chose, mais c’est joli à voir.

Les bonus : un entretien-documentaire de 25 minutes avec Carnimeo, et avec la participation de Garko et de Hilton, la version super 8 (33 minutes) d’On m’appelle Alléluia, les bandes-annonces et galeries de photos habituelles, et un CD contenant la musique, signée Stelvio Cipriani, d’On m’appelle Alléluia et de sa suite, Alléluia défie l’Ouest – moins bonne, paraît-il : le Cosaque est remplacé par un Ecossais en kilt interprété par Lincon Tate, l’endive de ces dames, et on voit aussi apparaître Raymond Bussières dont on se demande ce qu’il vient faire là.

Lien avec le site web de Koch Media :
http://www.kochmedia-dvd.com

Le prix : 39,97 € en ce moment chez amazon.de. Selon la formule d’usage : c’est cher, je sais, et faut être un malade comme moi pour craquer. Vous pouvez toujours guetter les soldes chez amazon.de ou alors faire un tour sur ebay.

Breccio dit : allez-y voir de plus près.

PS : Parmi les autres spaghetti estampillés "Alléluia" chez nos voisins germaniques, l’excellent Ein Halleluja für Django, alias Trois salopards, une poignée d’or (La piu grande rapina del West, de Maurizio Lucidi, 1967). C’est pas un Koch Media, la restauration est moins réussie, mais il y a une piste anglaise, et le film est particulièrement jubilatoire.

[tepepa]

Bon travail Breccio! J'hésite encore à craquer pour tous ces DVD Koch Media. Ce qui m'énerverait c'est que ça ressorte derrère en France avec piste française.
Les deux bouquins "101 nanars" m'ont toujours laisser dubitatif, il est très facile de faire passer pour un nanar un film qui n'en n'est pas un, ou qui en est un volontairement. Et ton anecdote me conforte dans cette impression!

[Breccio]

Bon travail Breccio! J'hésite encore à craquer pour tous ces DVD Koch Media. Ce qui m'énerverait c'est que ça ressorte derrère en France avec piste française.

Je comprends cette réticence. Mais comme on voit pas venir grand-chose question spaghetti (tu y crois encore, toi, au "Spécialiste" chez MK2 en juin? et quid du "Temps du massacre" et autres DVD annoncés pour le 1er trimestre chez des éditeurs non précisés?), j'ai décidé de prendre ce que je pouvais trouver ailleurs.

B.

[Fredge]

Le coffret est actuellement en promotion sur Amazon.de!

http://www.amazon.de/Halleluja-Italo-We ... 141&sr=8-2

Fredge

[Breccio]

Le coffret est actuellement en promotion sur Amazon.de!

http://www.amazon.de/Halleluja-Italo-We ... 141&sr=8-2

Fredge

19,95 euros ? Foncez !
Hasard : revisionné aujourd'hui pour des raisons... euh... techniques Ca va chauffer, Sartana revient. L'aspect crypto-gay m'avait échappé la première fois, mais c'est flagrant.
B

[Daniel]

Y-a-t-il du français ?

[Breccio]

Y-a-t-il du français ?

Jamais à ma connaissance.
Voir ici un recensement des productions Koch Media ancienne manière (coffrets, DVD isolés...) et là le catalogue de leur nouvelle collection "Italo-Western" (surnommée "collection arc-en-ciel").
Par ailleurs, certains titres parmi les plus anciens font ou vont faire l'objet de rééditions bon marché -- voir ici.
Pour me résumer au niveau des langues :
-- il y a toujours une piste allemande ou des ST allemands (normal)
-- il y a très souvent une piste italienne
-- il y a parfois une piste anglaise et, sinon, on a droit à des ST anglais "maison".
Dernier point : vous avez intérêt à vous dépêcher pour acheter ce coffret. Je viens de jeter un coup d'oeil sur amazon.de : le coffret "Django Italo-Western Box" a lui aussi baissé, mais à 29,90 euros seulement, et quant au coffret Sollima, il est définitivement épuisé et certains revendeurs le proposent à 199 euros
B