Son père était un photographe renommé et la jeune Lucia posa pour lui depuis sa prime enfance, la préparant ainsi pour sa future carrière de modèle et d’actrice.
Elle fréquenta l’université de Mount Mary dans le Milwaukee pendant une année avant de se rendre compte que les études n’étaient pas pour elle et déménagea alors à New York pour devenir un modèle de John Powers. A cette période, elle se maria et divorça d’un homme inconnu. Elle était apparemment aisée puisqu’elle fit, seule, en 1939, deux voyages à Hawaïi. En 1940, elle se rendit à Hollywood.
Lucia fut sous contrat avec Warner Brothers, qui changèrent son nom en Lucia Carroll à cause de ses racines ancestrales avec John Carroll, un des signataires originaux de la Déclaration de l’Indépendance. Comme la plupart des autres starlettes, elle dut passer par une période d’essai et fut sans honte exhibée dans des spots publicitaires. Toutes les brimades typiques auxquelles elle dut se plier furent nombreuses et imbéciles.
Elle fut sous contrat de 1940 à 1942 et fit la plupart de sa carrière durant cette courte période, apparaissant dans 23 films. Seuls dans 7 d’entre eux, elle ne fut pas créditée et tous les autres (à part un) furent tournés pour Warners comme sur du papier à roulette, restant loin du niveau des films de série A. Elle eut des rôles plus importants dans des films de série B comme : Kisses for Breakfast, The Nurse’s Secret, Quand l’Inspecteur s’ Emmêle, Here Comes Happiness. Ces films, aujourd’hui, sont considérés comme ayant une bonne et solide distribution et même parfois un bon scénario, mais la plupart ne firent rien pour booster la carrière des acteurs, excepté peut-être les vedettes principales, ce que n’était pas Lucia.
Sans conteste, son heure de gloire vint avec L’Entraineuse Fatale, un bon film noir avec la charmante Marlene Dietrich, dans lequel elle incarnait Flo, une des filles qui travaillait dans le même bouge que Marlene. Bien que ce fut un très bon film dans lequel figurer, le petit rôle qu’elle avait, n’était pas suffisant pour tirer sa carrière. Aussi, en 1941, Lucia se maria et les choses changèrent quelque peu.
Ce fut plus par nécessité que par choix que Lucia mit un frein à sa carrière juste après son mariage. On parlait d’elle pour être la vedette de quelques films nouveaux (L’Intrigante de Saratoga et autres), mais rien n’arriva. Désirant manifestement travailler et voir en son métier d’actrice quelque chose d’autre qu’un simple jeu, elle dérogea au cinéma pour Broadway et apparut dans “The Bride School” aux côtés de quelques autres femmes truculentes. Alors qu’elle était à Broadway, elle eut maille à partir avec un admirateur fou qui surgit un jour dans sa chambre d’hôtel et lui vola quelques objets intimes ayant une valeur sentimentale. Tristement, après quatre mois de représentations, elle dut retourner à Los Angeles, son mari étant souffrant.
Lucia retournera plus tard sur les planches, en 1949, en tant que Sylvia dans une pièce de Claire Booth Luce, intitulée “The Women” face à Eve McVeagh. Les critiques furent sympathiques mais cela semble avoir été sa dernière incursion au théâtre.
Sa carrière connut un autre rebondissement dans les années 1950, quand elle commença à travailler régulièrement pour la télévision, un media alors balbutiant. Malheureusement, tous ses rôles ne furent que des apparitions en guest star. Cela signifie d’une part, qu’elle n’eut pas de rôle récurrent et que d’autre part, aucune des séries dans lesquelles elle apparut, ne passent plus de nos jours sur une chaîne câblée. Son travail est donc inaccessible. Après 1955, elle ne décrocha plus de rôles.
Alors qu’elle s’appelait encore Lucia Lacerte, donc avant de signer un contrat avec Warner Bros, elle eut une aventure avec le Comte Rossi, un riche héritier d’une famille spécialisée dans la fabrication du vermouth. Malheureusement, elle le balança pour un acteur à qui elle rendait souvent visite sur la côte Est.
La raison pour laquelle elle faisait d’incessants allers-retours de Los Angeles à New York, s’appelait Broderick Crawford, qui connaissait alors un franc succès à Broadway avec “Des Souris et des Hommes”. Broderick Crawford était un excellent acteur et un futur lauréat d’un Oscar, mais était aussi un ivrogne notoire. Les deux ne se marièrent pas, et tous les deux se rendirent à Hollywood pour y mener une carrière, celle de Broderick devant être plus fructueuse que celle de Lucia.
Après avoir acquis un nouveau nom et un contrat, Lucia fut la cible obligatoire des journaux à scandales pour Warner Bros, avec d’autres starlettes de l’époque telles : Peggy Diggins, Mildred Coles, Joan Leslie et autres, apparaissant souvent dans des encarts publicitaires. Elle fut la “Glamour girl de 1940″, “La Star de Demain” et autres choses similaires.
Son petit ami suivant fut l’acteur Tom Neal, avec qui elle eut une relation d’environ quatre mois à la fin de 1940. Il gagnera plus tard la célébrité en étant le rival de Franchot Tone pour conquérir la main de la jolie Barbara Payton. Elle sortit ensuite avec Al Jolson, le célèbre acteur-chanteur, au début de 1941. Leur relation dura jusqu’en avril 1941, date à laquelle elle attrapa dans ses filets son futur mari, Carl Schroeder. A cette époque, Lucia pâtit d’une mauvaise cicatrice de 10 centimètres sur sa jambe suite à une chute de scooter.
Carl Schroeder était né Carl Augustus Schroeder le 31 octobre 1908 dans le Minnesota et fut pendant plusieurs années, l’éditeur du magazine Triangle Publishing à Los Angeles. Après une relative cour, ils se marièrent à Las Vegas, le 7 octobre 1941.
Leur fils, Stephen Leslie Schroeder, naquit le 26 juin 1942 à Los Angeles.
Le mariage dura jusqu’en 1948. Comme souvent en de pareils cas de divorce, où un mari rencontre une autre femme, divorce de la sienne pour marier (ou on) sa maîtresse, dans le cas de Lucia, le principal coupable s’appelait Victor Mature. Victor était un bon ami de Carl et peut-être même un trop bon ami. Lucia témoigna comment son mari quittait son domicile chaque fois que Victor l’appelait, même pour Noël ou autres vacances. Lui, de son côté, se plaignit des factures de ménage mais n’admit pas avoir fait le voyage vers New York à chaque fois qu’il avait envie de voir Vic.
Lucia remporta le divorce, la garde de son enfant, 100$ par mois de pension alimentaire et 2500$ de dédommagements. Avant que le divorce ne fut prononcé, sa carrière était terminée et ses apparitions dans les journaux devinrent dramatiquement inexistantes.
En 1958, elle eut de nouveau une aventure avec Broderick Crawford, quelque 20 ans après. De nouveau, cela ne finit pas en union, Broderick ayant décidé d’épouser une autre starlette, Joan Tabor, en 1962.
Lucia s’effaça de la surface de la terre après cet épisode. Elle décéda le 6 février 1988 à Los Angeles, Californie, à 71 ans, de causes inconnues.
Sa contribution au western comprend deux longs métrages, La Piste de Santa Fé de Michael Curtiz (1940) et Wild Bill Hickock Rides Again de Ray Enright (1942) et un épisode de la série Hopalong Cassidy, intitulé "The Feud" (1952), dans lequel elle était Nancy Croft.
